
Plus de 25 ans après la fin de l’apartheid, les plaies restent à vif en Afrique du Sud. Et le sujet toujours aussi épineux. “Sommes-nous tous d’accord sur le fait que l’apartheid était un crime contre l’humanité ?”, demande ainsi mi-février un présentateur de la SABC, la télévision publique du pays, à Frederik de Klerk, l’ancien président sud-africain. “Je ne suis pas tout à fait d’accord”, répond-il alors, s’empressant d’ajouter qu’il “ne justifie l’apartheid sous aucune condition. Je m’excuse pour cela. Mais il faut faire attention à ce que nous appelons un crime. Un génocide est un crime contre l’humanité, pas l’apartheid.”
Ces propos du dernier chef d’État sud-africain blanc ont immédiatement soulevé une vive polémique dans le pays. “De Klerk doit quitter ce parlement”, a exigé Julius Malema, un des leaders d’opposition, quelques jours plus tard, rapporte The Sowetan, en plein discours à la nation du président Cyril Ramaphosa. “Nous avons un meurtrier parmi nous”, s’est-il exclamé, “c’est un meurtrier avec du sang sur les mains.”
“Mon cœur est brisé”, écrit la fille de Nelson et Winnie Mandela
“Mon cœur est brisé”, s’est exclamé la fille de Nelson et Winnie Mandela sur Twitter, en rappelant ce qui se passait sous le régime de Frederik de Klerk “pour sa mère et d’autres”.
As a loyal and dedicated member of @MYANC I am heartbroken
this happened to my Mother and many others under De Klerk’s watch. According to his interview, he justified this, therefore saying that that my Mother and others deserved this aggression. What do we stand for?
Thabo Mbeki, président de 1999 à 2008, a lui aussi réagi, annonçant “qu’il venait d’envoyer à Frederik De Klerk la convention des Nations unies qui qualifie l’apartheid de crime contre l’humanité”, écrit le Sunday Times.
Face au tollé, la fondation Frederik de Klerk a publié un communiqué dans laquelle l’ancien président présente ses excuses. Cela n’a pourtant pas suffi à mettre fin au malaise dans le pays. Personnel politique, éditorialistes et journalistes, dénoncent “l’ambiguïté” du dernier président blanc.
Prix Nobel de la paix avec Nelson Mandela en 1993, il a autant participé à imposer le régime ségrégationniste que contribué à la fin de l’apartheid en libérant le combattant pour l’indépendance en 1990. Déplorant “le déni” de Frederik de Klerk et sa fuite face à “la responsabilité et la culpabilité de son gouvernement et des partisans de l’apartheid”, un éditorial du Daily Maverick appelle l’ancien président “à faire face”. “L’apartheid était l’enfer”, écrit-il.
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